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Un dîner presque parfait

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MessageSujet: Un dîner presque parfait Un dîner presque parfait EmptyDim 10 Jan - 17:23



Un dîner presque parfait


La grande salle à diner s'était lentement parée de ses somptueux apprêts. Lueurs ambrées au soyeux chamarré, nappe immaculée, couvrant une table de bois précieux aux bords gravés, mets cuisinés avec soin, aux couleurs riches et à l'apparence recherchée, tout droit tirés de quelque fastueuse description romanesque... La minutie de chaque exécution, de chaque disposition, le soin placé dans chaque réalisation tendait à une perfection maniaque et parfaitement assumée. Haut lieu de la maison, cœur de sa déraison, la salle à dîner se devait d'incarner un idéal, une icône sans défaut, pour attirer, attiser. Tableau vicié, dans son opulente richesse, leurre affiné par les années. Esche qui enjôlait les proies fourbues d'une vie impitoyable, aveuglait les âmes esseulées et affamées, et dans les griffes des prédateurs résidents les guidaient. En cette soirée, pourtant, les proies étaient déjà ferrées. Bien plus encore, elles étaient déjà préparées. Tout ce que ce qu'attendait désormais ce lieu raffiné, c'était l'invité que le maître des lieux escomptait. Un invité pour lequel l'ensemble de la maisonnée se surpassait. Il était extrêmement rare qu'un homme de l'extérieur jouisse d'une invitation à dîner, ce qui signifiait assez la valeur qu'on lui accordait. Il était, ainsi, nécessaire que la soirée soit conduite avec la plus grande minutie, le plus fin doigté. Qu'une seule fausse note ne vienne enrayer les rouages bien huilés, et il en cuirait aux responsables désignés.

Pour le moment, cependant, tout allait bien, et Stephen en était satisfait. Il observait le ballet des serviteurs dévoués qui s'activaient sur les dernières touches à apporter. Rare occurrence, qu'un invité. Mais celui-ci semblait un pari peu risqué et prometteur ; celui-ci l'avait intrigué. Tous deux fréquentaient les mêmes soirées mondaines, les mêmes rencontres policées. Pourtant, tous deux avaient un esprit loin des mœurs édictées. Intellects de mêmes inclinaisons, ils s'étaient rapidement trouvés, s'étaient rapidement agréés, l'un à l'autre accrochés, emportés qu'ils avaient été par de sombres mais fascinants débats sur les controverses de l'humanité. Des heures avaient passés, sans que la lassitude ne vienne les étriller, et au crépuscule de la frivole réception, c'était avec une invitation qu'ils s'étaient séparés. Une invitation de la part de Dorian Gray. Une invitation qu'il avait honoré, curieux de voir ce que l'esprit apparenté pouvait créer, au sein de son royaume privé. Et ce qu'il avait pu observer l'avait beaucoup amusé. L'homme était décidément une perle, dans le lot bien éduqué et conventionnel de la haute société. Il allait plus loin, osait. En un sens, il était à l'aube de ce qu'il pouvait conceptualiser, et incarner. Du moins était-ce là son avis, si bien qu'au terme de son séjour, il lui avait retourné l'invitation, sous-entendant juste assez pour ferrer cet esprit dévoyé, le laissant imaginer.

Il ne devait plus tarder. Et lorsqu'enfin, retentit son arrivée, dans les salles profondes de sa demeure enténébrée, un vague sourire vint étirer le marbre de son visage fermé. Quel dommage que Winnifred ne soit pas là en cette soirée. Elle aurait sans nul doute aimé participer. Peut-être, si le dîner se déroulait comme il l'entendait, l'inviterait-elle à se joindre à eux. «  Allez ouvrir  » Laissé seul, il attendit que son valet conduise son hôte jusqu'au banquet. Mentalement, il suivait leur avancée, leur progression dans les hautes salles sublimées de lueurs choisies avec goût et une logique propre, unique, avant de pénétrer entre ces murs léchés d'une chaleureuse clarté. En voyant les silhouettes se découper dans la changeante clarté, il se releva, vers eux s'avança. «  Gray... bienvenue à vous  » Sa voix s'étiolait en un écho léger dans la profondeur du silence entrecoupé du craquement du bois dans l'immense cheminée murale, véritable gueule béante et enflammée. Mais son invité n'était, de toute évidence, pas venu seul. Le regard délavé du vieil homme quitta le viril profil pour se tourner vers sa contrepartie féminine, et en silence, la jauger. Un lent mouvement de la tête, profond et étudié, vint la saluer. Pour autant, il ne la garda pas longtemps au centre de son intérêt, ou du moins, sembla s'en détacher.

D'un mouvement de la main, tant sec que discret, un serviteur fut appelé. «  Veuillez vous occuper de madame  » Et tandis que, vers la table, on la conduisait, il laissa un sourire fin et acéré ceindre ses lippes fermés. D'une voix plus basse, quoi qu'appréciatrice, sensiblement amusée, il commenta : « Quelle délicate attention de votre part, que d'apporter le dessert  » Fort heureusement, elle ne l'avait pas entendu. Mais il ne comptait nullement la laisser s'échapper, quant bien même elle le ferait. Une seule et unique fois, une proie s'était échappée, et uniquement parce qu'il était alors absent. Cette fois, il ne pourrait le tolérer. Dans le meilleur des cas, elle tenterait de trouver son chemin dans la labyrinthique demeure, et s'y perdrait... ce serait alors, pour eux, la dernière délicatesse de la soirée. «  Je suis fort aise que vous honoriez mon invitation. Je vous en prie...  » D'un geste calculé, il indiqua la table ornée, les mets luisants dans la clarté, son regard prédateur ne le quittant jamais. «  Prenez place  » 

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MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait Un dîner presque parfait EmptyJeu 14 Jan - 20:34



Un dîner presque parfait


Le dandy portait à son bras une putain comme certains portent des bijoux. Cet être décadent masquait à peine les troubles qui agitaient son âme et ses appétits voraces si peu habituel pour le milieu dont il était issu. Une famille noble anglaise, une fortune, qui associé au sang bleu, ne pouvait donner qu’un honnête petit anglais. Hélas. Le destin avait trouvé cela bien plus amusant d’y mêler un peu de piment et de trouver un moyen tordu afin de révéler à ce petit lord à l’esprit impressionnable comment rendre son existence plus excitante. Il n’avait pas fallu qu’un discourt bien senti d’un lord plus vieux pour émousser de quelques traits ciselés la morale anglaise bourgeoise à laquelle il rêvait déjà d’échapper. Ajoutez un portait et une magie digne du diable, et voilà que l’être pénétrant la demeure soignée à la décoration très anglaise était un diablotin s’avançant dans la maisonnée du diable en personne. Evidemment, le dandy ignorait à quel type de festin on l’avait convié. Mais il se doutait bien que quelques surprises l’attendaient.

L’être au profil noble et aux traits racés qui l’attendait, son hôte pour ce soir, avait égaillé une morne soirée mondaine par un discourt tranchant comme l’acier, bien différent des habituelles inepties qu’on entendait à ce type de soirée. Il n’avait pas fallu plus d’une heure pour que les compères conviennent de s’inviter à de plus divertissantes soirées. C’est ainsi qu’en sa demeure à la décoration exotique, l’aimable libertin avait convié son nouvel ami à l’une de ses parties fines. Des jeunes corps exquis à la nudité sublimes enchevêtrés dans une partouze, de l’alcool à foison, et de la drogue en quantité affolante, de quoi envoyer la bonne moitié des invités à la sauterie en asile pour fou, ce fut une soirée délicieuse quoi qu’éprouvante autant pour le corps que l’esprit, mais Dorian estimait qu’on devait s’enivrer sans cesse, dans la chair comme l’esprit, et ne jamais se laisser harasser par l’ennui. Aussi avait-il accepté avec moult plaisir l’invitation que lui avait envoyé son ami. Il était curieux de découvrir les vices de son hôte. Celui-ci avait paru s’amuser mais Dorian avait bien remarqué qu’il n’était pas aussi sadien que lui-même l’était. Quels mystères obscurs attiraient un homme tel que lui ?

La minutie de ses manières l’avait frappé, et à présent qu’il se trouvait dans sa demeure jusqu’à son salon de réception, il ne pouvait que constater que l’homme avait poussé la recherche du détail jusqu’au bout. Il faut toujours soigner les détails pas vrai ? C’est dans ceux là que le diable se niche dit-on. Délaissant la putain de luxe, qu’un valet fut appelé à conduire à table, le diabolique enfant eut une lueur intriguée en voyant la table dressée, et les mets rougeoyant les attendant. Les odeurs tout autant que les couleurs alertaient tous les sens. Dorian observa avec soin la pièce et sa monstrueuse cheminée se demandant où se nichait le diable ici. Nul putain ici hormis celle qu’il avait amenée, toute proprette et bien habillée, qu’il avait destiné à son hôte, il était en effet de bon ton d’amener quelque chose à son hôte quand on venait diner. Celui ci accueillit le présent avec tout le raffinement qu’attendait Gray. « Votre table est magnifique, mon ami. » salua Dorian avec un sourire plus qu’aimable, intrigué et amusé. Il était impatient de découvrir la nature caché de son diable d’hôte. Tirant une chaise, non celle en bout de table, bien trop lointaine, il en choisi une non loin de son hôte et s’y installa. Son verre ne tarda guère à être rempli, et des serviteurs remplirent son assiette avant qu’il n’eut le temps d’esquisser un geste. Tout semblait si mesuré, et si bien orchestré, mais il était rare, qu’en étant invité à un souper on passe si vite à table. « Point d’apéritif ? » demanda le gentleman bien qu’il connaissait déjà la réponse. « Vous m’étonnez mon cher ami, vraiment, mais je n’en attendais pas moins. » ajouta-t-il en levant son verre à la santé de son hôte. Ce vin lui paraissait bien rouge et bien épais. Tout comme cette viande semblait ferme et finement découpée dans son assiette. « Trinquons à notre amitié. »

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MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait Un dîner presque parfait EmptyDim 24 Jan - 21:50



Un dîner presque parfait


Le lieu semblait éveiller la curiosité de son invité. Fort bien, voilà qui lui agréait. L'étrille d'un esprit acéré, piqué d'intérêt et capable de saisir les notes subtiles qui, au cœur de l'esprit festif se glissaient. Un esprit capable d'appréhender l'horrifiante et pourtant exaltante réalité, mieux encore, de s'en imprégner et de s'en subjuguer. Une psyché capable d'apprécier cette singulière soirée. En vérité, une psyché capable de lui servir de compagne dans la recherche du frisson suprême et dans la réalisation de l'acte le plus saisissant, chair humaine démystifiée. Simple met, pourtant délicatement préparé, par ses servants sublimé. Quel avait donc été son dessein, en laissant Gray s'approcher de ce qu'il dissimulait, de cette vérité parfaitement occultée ? Trouver un écho, peut-être dans lequel il se reconnaîtrait. Trouver un partenaire pour le crime parfait. Et s'il s'avérait qu'il s'était trompé ? Oh, mais il ne se trompait jamais, et si faute il y avait, elle serait prestement dévorée. Bassesse assumée, bassesse consommée, s'il n'obtenait pas satisfaction il le tuerait, malgré toute l'appréciation qu'à son encontre il nourrissait. Il le tuerait, le supprimerait, le ferait disparaître pour son secret préserver. C'était ainsi, et sans la moindre inimité, un simple tri dans ses priorités.

Mais quelle danger pouvait-il réellement y avoir à l'initier ? Les chances pour qu'il dévie du chemin qu'il lui traçait étaient infimes. De si peu d'importance. Un bref instant, son regard pâle et prédateur trancha dans le ballet de serviteurs parfaitement dressés, s'exécutant sans le moindre faux pas pour les satisfaire, silencieux, muets. Il n'avait jamais nécessité qu'ils parla, ne l'avait jamais ordonné. Son invité était là pour égayer le silence impénétrable de la maisonnée. La question, rhétorique au demeurant, lui arracha un bref rictus aussi acéré que la lueur qui animait ses prunelles azurées. Non, point d'apéritif, il faudrait s'en passer. Il n'en avait jamais réellement nécessité. « Je serais un bien piètre hôte, si je n'étais à-même de vous étonner  » piqua-t-il d'une voix où l'amusement sourdait en un vibrato mesuré. Regard entendu, échange de complicité. Il comptait bien l'étonner, ce soir, mais à d'autres degrés. Son verre levé, toast porté, le sanglant breuvage se parant, dans la lueur des flammes, d'agréables reflets. D'attrayants reflets.

« A notre amitié...  » Et à cette intrigante et plaisante soirée. Et surtout, à la découverte que Gray s'apprêtait à effectuer. Il le laissa boire, confortablement installé dans la chaise à haut dossier, gravures de succulentes métaphores lacées. Sa haute silhouette se découpait contre la tenture ignée de la cheminée, sombre forme aux contours effilés. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire incisif, tandis qu'il détaillait l'image qui, sous ses yeux, se présentait. Voilà un moment qu'il avait attendu avec patience, depuis leur premier échange, qu'il avait minutieusement préparé... Il allait le savourer autant que leur dîner. Ce fut, ainsi, avec une douceur flegmatique qu'il prit la parole, brisant le silence bruissant des crépitements des flammes qui dansaient. « Un grand cru que celui-ci... De la meilleure cuvée qui soit. Cinq ans d'âge et une robe magnifique, ne trouvez-vous pas ?  » Prunelles glacées glissant de l'homme distingué partageant son côté, à la donzelle que de l'autre côté de la table, on entretenait.

« Après les fastes de votre hospitalité, j'aspirais à vous dérouler d'autres tapis empourprés  » Il lui faudrait cependant charmer l'oiselle qui devrait clore le dîner. Car avec cette délicate attention, pas gray apportée, ils avaient non seulement de quoi dîner, mais également de quoi se divertir, et initier le jeune gentleman à un l'art d'une traque exaltée. Elle ne devait pas paniquer, du moins pas immédiatement. Il fallait du doigté. Mais à eux deux, c'était une affaire déjà remportée. « Dites moi, Gray... je vous sais amateur de nombreuses délicatesses et plaisir débridés... Vous êtes de ceux qui voient au-delà de l'éducation fermée et bien pensante...  » Un silence, ponctuant ses mots, son regard, qui sur lui pesait « alors que peut être, à vos yeux, l'attrait des sens le plus magnifié ? L'acte le plus grandiose pour un être...  » Songeur un bref instant, avant de glisser « Tel que nous ?  » son regard se tourna de nouveau vers la femme attablée, et pourtant, son buste lui, restait figé indquant clairement l'exclusivité de la discussion en l'instant « L'acte le plus délicieux, le plus... grisant qu'un intellect défait des chaînes de ce que le commun appelle humanité pourrait envisager  »

Il prit une gorgée de son verre purpurin avant de ponctuer « Que pourrait être cet acte, d'après vous ?  »


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MessageSujet: Re: Un dîner presque parfait Un dîner presque parfait EmptyJeu 11 Fév - 18:44



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Le charmant Dorian avait les yeux rivés à son invité n’accordant plus guère d’attention à la pourtant divine créature avec qui il était venu. Après tout, elle n’était pas pour lui-même, excepté si son hôte souhaitait la partager. Chose à laquelle, le dandy n’était pas opposé. Il adorait les aventures, toutes les aventures. Mais pour le moment, son attention était concentrée sur son hôte, essayant de deviner quelle surprise l’attendait, sans guère y parvenir. Habitué aux bonnes choses et aux bons vins français, il renifla son verre et fut surpris de sentir une odeur métallique. Soit ce vin était passé, soit ce n’était pas du vin. Mais les yeux de son hôte ne révélait rien d’autre qu’une certaine impatience. Le paisible visage aux traits nobles et anciens de son remarquable hôte ne laissait rien présager que l’attente dans laquelle il se trouvait. C’était donc à lui de jouer. Et de goûter le vin. Trempant ses lèvres, il fut surpris de la substance, et plus encore de son goût. Il manqua de recracher le liquide carmin, de stupeur, plus que de dégoût. Oh, il connaissait très bien ce goût. Ses penchants pour la violence et le sexe impliquant des rapports de soumission et domination l’avait porté à goûter le sang de ses maîtresses et de ses amants, en léchant des plaies qu’il avait lui-même ouverte, des dos lacérés par un fouet, une peau piqueté par des jouets métalliques, et avouait sans conteste aimer le goût du sang. Mais jamais encore il n’en avait dégusté dans un verre en cristal, comme si c’était un vin millésimé. La stupeur dû se lire, dans ses yeux, dans ses traits. Il ne s’attendait guère à cela, devait-il l’avouer, et se demanda si son hôte avait vidé quelqu’un afin de remplir leur verre. Se tenait-il en face du mentor de la comtesse Bathory ? Puis un sourire franchit ses lèvres. En vérité, il avait l’impression d’être un vampire, comme ce Lord Ruthven, dans le roman du docteur Polidori.

Cinq ans d’âge ? Mon dieu, songea le dandy, mais il l’a bel et bien vidé. Un enfant ne devait pas posséder beaucoup de ce liquide carmin. Pendant un bref instant, il l’admit intérieurement, il fut choqué. Mais cela ne dura pas. Dorian s’était fait la promesse de se défaire de son éducation anglicane et de cette morale qui s’avérait être plus des chaînes et une prison qu’autre chose. Il avait démontré depuis une certaine moquerie pour tout ce qui était de la loi, de la morale, et de l’éthique. Il lui était arrivé de tuer. Par erreur la plupart du temps, même si, il avait une fois tué, juste pour savoir ce que cela faisait. Il ne s’était pas senti grisé d’un sentiment de supériorité comme les grands criminels disent parfois le ressentir, mais indéniablement cela avait été une expérience enrichissante. Et comme il avait choisi une victime dont il ne savait rien, et qui ne manquerait à personne, les remords ne l’avaient guère étouffé. Il faut bien dire que sa conscience était bien pâle et maigre. Mieux valait pour lui, qu’il n’ai guère de morale pour l’assaillir, car il sentait que son hôte n’en était qu’au début des festivités. Ainsi les goûts de celui-ci se révélait. Sans nul doute était-il un prédateur de ce monde, un criminel, mais qui, comme lui, possédait suffisamment d’intelligence, de noblesse de sang et la chance d’être né du bon côté pour s’en sortir avec superbe. Aucun d’eux ne fréquenteront jamais l’humidité destructrice d’une prison. Ils étaient trop intelligents pour cela. Trop fiers aussi.

Et à présent, son hôte le questionnait. La jeune femme qu’il avait ramené était la cible de petits regards jetés, pleins d’idées impliquant sans doute des instruments en métal s’enfonçant dans la chair. Il comprenait mieux pourquoi son hôte avait parlé de désert avec cette lueur dans les yeux. Pourquoi il avait semblé amusé plus qu’autre chose lors qu’il l’avait invité. Les amusements et divertissement de son hôte était plus proche de ceux de Barbe Bleue que ceux de Sade. Il tenta néanmoins de résoudre cette énigme, même s’il n’était guère doué à ce jeu là. Dorian n’avait jamais été un grand intellectuel si ce n’est dans le but de se délivrer des chaînes de la bonne société victorienne. Du reste, il aimait l’art, se passionnait pour les belles choses, mais était un oisif par nature, un aventurier qui ne prenait jamais de grands risques pour lui-même. Ce soir, de nouvelles limites demandaient à être franchie, et son âme aventurière s’y laissait aisément grisée, même s’il tremblait un peu à l’idée de devoir torturer quelqu’un, il n’avait encore jamais fait cela. « Le meurtre ? » répondit-il, incertain. Il senti du mouvement à sa droite. La demoiselle qui avait senti le vent tourner, n’avait touché ni à son assiette ni à son verre qu’elle avait repoussé, venait de comprendre qu’elle se trouvait dans l’antre des monstres et qu’elle était la petite fille qui finissait dévorée à la fin de l’histoire. Cependant, elle n’hurla point. Gentille fille. Elle s’était raidi, et à présent, avait reculé sa chaise, prête à bondir hors de table, courir à toute vitesse, pour sa propre survie. Dorian réalisa qu’il avait envie qu’elle s’enfuit. Il voulait la voir courir et sentir son désespoir. Il avait tué déjà, par accident, et une fois volontairement, mais ce choix calculé et prudent l’avait amené à surprendre sa victime qui n’avait guère eu le temps de crier ou de fuir. Là, c’était différent. Il aurait pu bondir sur elle, et l’empêcher de s’enfuir. Il était jeune et robuste. Et sa robe l’empêtrait. Mais il voulait la voir hurler de terreur, espérer pouvoir s’en sortir. Il y avait un monstre en lui, et il s’éveillait à de nouveaux appétits.

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