Invité Invité | Sujet: La nuit du diable ft. Lawrence Mer 20 Jan - 22:05 | |
| La nuit du diable ft. Lawrence et DorianL’imposante demeure juchée sur un pic rocheux dominant la ville s’entourait aisément de brume lorsque le crépuscule s’annonçait et que le ciel s’emplissait de teintes violacées. Cette baraque sur la colline effrayait les uns, excitaient les autres, c’était l’angle de mort de la belle cité endormie, sa maison hanté, sa hantise, son cauchemar éveillé. Celui qui vivait là avait déjà la réputation d’un Barbe Bleue des temps modernes ce qui n’empêchait nullement la bonne société de venir s’encanailler dans cette antre de la folie. Jouvencelles encore vierges, beaux princes, bourgeois à la peau grasse, grandes dames attifés de coiffures excentriques, noctambules et oiseaux de nuits, tous parés de leurs plus beaux atouts venaient en ce lieu de débauche une fois la nuit tombée. On disait en bas, dans la cité aux pieds boueux, que c’était le haut lieu des orgies, la 7e porte de l’enfer, et que tous ceux qui en foulaient le sol avaient aussitôt l’âme maudite. Le fait que beaucoup de boniches aient mystérieusement disparu n’arrangeait pas les choses. Mais les rumeurs, étrangement, étaient plus flatteuses quand on passait dans les hautes strates de la bonne société de Crimson Peak. Le dandy hantant les lieux avait après tout, la beauté du diable, et son porte monnaie, chose qui attirait les plus cupides et les plus envieux, peu importe les infâmes rumeurs, il y en avaient toujours plus hardi que les autres s’y aventurant. Plus hardi ? Réellement ? Dorian Gray, l’hôte qui ne possédait les murs mais les louait, aurait pourtant eu beaucoup de choses à dire sur ses invités qui étaient sélectionnés sur une liste. Les gracieuses invitations n’étaient pas données à n’importe qui. Puisque ce qui s’y déroulait, en ces lieux enténébrés que de rares candélabres illuminaient, ces pièces sombres aux murs couverts de lambris et tapisseries, au sol de marbre et de parquet tout en chêne que de lourds tapis d’orient recouvraient, accompagnant une décoration somme toute exotique, était secret, et devait le rester. Les invités le préféraient ainsi. Chacun savait évidemment ce qu’il s’y produisait. Mais tout un chacun tenait au secret. Tous avaient une réputation à préserver contrairement à Dorian Gray qui avait choisi d’assumer ce qu’il ne pouvait combattre, à savoir sa propre image dégradante à souhait. Il s’était d’ailleurs pour l’occasion vêtu d’un costume blanc pareil à celui d’un ange. Dans l’ancienne salle de réception / bal / vaste pièce fourre tout au plafond immense, dont les murs étaient couverts de tentures rouges, des marquises permettaient aux femmes de s’allonger à la romaine, de gigantesques pouffes avaient été amenés là, ainsi que de quoi fumer la chicha ou l’opium. Les invités portaient des costumes élégants, orientaux ou d’inspiration orientales, des loups et des masques pour certains, des tenues pour le moment convenables mais qui l’instant d’après tomberaient quand les serviteurs apporteraient les jouets et que la soirée se révèlerait enfin dans toute sa splendeur. Car chacun était là pour assouvir ses fantasmes, et cette soirée là, promettait douleur, soumission et humiliation. |
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