Anderson James Fitzwilliam. Figé dans ses trente-sept ans, depuis vingt-quatre circonvolutions. Armateur. Hétérosexuel. Célibataire. Aisé, malgré sa fortune vaguement déclinante. Revenant evanescent. The nightcomers. Nikolaj Coster Waldau

Doté d'une personnalité volontaire et téméraire, James n'a jamais eu peur de faire ce qu'il devait, pour réussir là où ses ambitions le menaient. Intelligent, capable de penser par lui-même et très peu influençable, c'est également quelqu'un de torturé. La perfection à laquelle il aspire, à laquelle ses parents l'ont poussées, lui a toujours douloureusement fait défaut malgré ses efforts. Se réfugiant dans la création, dans les arts et les actes inventifs, que ce soit pour lui-même ou pour observer les autres, il a eu tôt fait de se doter d'une grande mémoire pour les pièces de théâtre, les comédies, la littérature mais aussi les peintures, apprenant à discourir et à maintenir une conversation sur des sujets élégants. Pourtant, malgré ce que l'on pourrait croire sous ses devants courtois et distingués, c'est quelqu'un de cruellement solitaire : comme si, pour concevoir l'ampleur de sa souffrance terriblement humaine, il se devait de le faire seul. La foule l'angoisse un peu, et il ne peut s'empêcher de songer de façon pessimiste, même si il aurait aimé croire en lui, croire en les autres, en ceux qui l'entourent. C'est un ami loyal dont la confiance est difficile à gagner mais qui, une fois acquise se révèle précieuse. D'un tempérament impulsif et passionné, cela ne veut pas dire qu'il est irréfléchi mais plutôt que ses pulsions et ses désirs parlent souvent pour lui et qu'il préfère tout faire pour atteindre ses objectifs, avec des méthode qui peuvent sembler parfois désordonnées et ardentes. Il ressort une élégance rare dans ses gestes et sa façon de parler, et l'on sent derrière les mots chimériques et respectueux toute la souffrance pathétiquement humaine. Il peut se révéler parfois hautain ou indifférent, parce qu'il est dans la lune, irrité, ou obsédé par une pensée, par une personne qui papillonne à la limite de ses univers. Ce n'est pas un mauvais bougre, mais il possède ses propres travers internes, ses propres obsessions. Il a toujours voulu par dessus-tout que son père soit fier de lui - un objectif difficile à atteindre, à présent, et qui semble laisser une absence dans le canevas de douleurs tissé dans son être.

Quand on est soi-même un revenant, parfois de chair, parfois évanescent, ce que l'on pouvait croire sur le monde se voit brisé. Il croit à présent aux fantômes - il en est un lui-même, après tout. A moins que tout cela ne soit qu'un rêve dément. Il ne sait rien de ce que l'illusion de la création a voilé à ses yeux mortels, mais il serait bien curieux d'apprendre si les mythes et les légendes sont fondées.

 Il y croyait : un bon Chrétien, enrôlé dans l'armée des Anges, assis sur les bancs du Bon Dieu depuis qu'il avait l'âge de plier les genoux et de dire ses Ave Maria. Il ne saurait dire si c'est sa foi qui lui a gardé les pieds sur terre, si il est au paradis ou en enfer, mais il veut croire que c'est une deuxième chance en demi-teinte, entre vie et mort, et que c'est sa seule conviction envers un dieu clément qui la lui a donnée, cette seconde chance.

Le monde change, le monde vit et les rotations de la terre se font sans qu'elles ne soient marquées sur son visage intemporel. Les changements de la société vont vite : les inventions vont bon train, et tout cela promet des avancées formidables. Mais cela ne risque t-il pas de créer un fossé entre les différentes strates de ce monde, pauvres, riches, nobles et roturiers ? James regrette d'avoir laissé son père dilapider sa fortune, et a appris à la gérer, mais à présent qu'il voit d'un autre oeil neuf ce qui l'entoure, il prend plus soin des autres. Il se met à songer que quelque chose de corrompu se tient chez la noblesse, sans réussir à mettre le doigt dessus : luxure, avarice ? Qui sait ? Il voudrait que cela change, que les coeurs des hommes changent. Mais cela lui est impossible.

Fézégeste. Hanaé. Tout ça. 4 ou 5/7 Merci Bazzart. Sublime, l'idée est géniale, j'ai adoré le film. Seul hic : quand je surligne un mot /une phrase, la surlignance ne se voit pas, du coup des fois je ne sais pas ce que je supprime ou pas   mais sinon, le reste a l'air parfait ! Swan. Sinon moi je dis merde, ça va avec tout. (je me devais de citer Léodagan, pardon   )

« Non. Impossible. » Mon murmure se perd dans les crépitements avec indulgence. Je lève mes mains qui semblent translucide dans la lumière violente et rouge. Pourtant, il n'y a plus de douleur. Il y en a eu - beaucoup. Je sens encore ma peau roussir et fondre, mes os se briser et se calciner. L'odeur était ignoble, me soulevait le coeur. Les cris - étaient-ce les miens, ou ceux de mon géniteur, au loin, étouffés par la fumée sombre qui étouffait les gorges vives ? Ils résonnaient encore à mes oreilles, teintaient avec ce désagréable son discordant que rendait la mort. Père. Mes pensées papillonnèrent vers lui, avec un sentiment de culpabilité mêlé à un soulagement soudain.
Il ne dilapiderait plus notre fortune avec ses compagnes.
Ses catins.

La brutalité de ces mots qui traversaient mon esprit était rapide et prenante. Aussi vive que les souvenirs qui jaillissaient au fur et à mesure que notre bâtisse était réduite en une ruine fumante. Je me souvenais avec une acuité amère de ses soirées passées à fumer dans son bureau. Quand j'étais plus jeune, il se cachait encore - il prenait garde d'attendre que je sois couché pour inviter des silhouettes féminines jusqu'à ses appartements. Pourtant, encore éveillé, j'entendais leurs rires et leurs ébats avec consternation et effroi. Qu'aurait pensé mère de tout cela ? Elle n'aurait jamais approuvé que son mari se vautre ainsi dans la luxure. Qu'il jette par les fenêtres notre argent. Pourtant, je faisais semblant de rien. Je faisais semblant de tout. Je continuais de jouer du piano, de m'entraîner à l'équitation et de suivre assidûment les cours enseignés par mon tuteur. J'excellais, à ma manière, en tentant d'atteindre cette perfection qui me poussait à n'offrir que le meilleur de moi à un père qui fuyait de plus en plus dans les débauches macabres. Je trouvais un contrepoint doux dans les arts : la peinture apaisait mon esprit, et la littérature me faisait m'évader d'un quotidien que je jugeais trop glauque pour mon jeune âge. Quand je fus entré dans l'adolescence, père n'eut même plus l'envie de camoufler ses frasques. Plusieurs fois, avec une colère violente, je dus chasser les demoiselles nocturnes. A force de cris, jamais à la force de violence - jamais je n'aurai levé la main sur une femme. Mais père se contentait de m'observer d'un oeil rendu vitreux par l'alcool et les autres substances illicites qu'il faisait charrier dans ses veines vieillissantes.

Je fus bientôt le seul à tenir sur mon dos, tel un Atlas, notre monde et notre maison. Je ne m'en tenais pas plus mal : les responsabilités me convenaient. La foule de relations que je devais contenir m'angoissait parfois, m'enfermant dans des instants sombres et solitaires, mais je faisais contre mauvaise fortune bon coeur. Je tenais la barre haute, la voile droite, je serais les dents et je me disais que si notre famille devait tenir grâce à un homme, ce serait moi. « Ce sera toujours moi. » Je susurrai avec douceur devant ce qui avait été notre manoir. L'odeur de cendres opposait une farouche opposition aux effluves de décomposition et de feu que mes narines avaient gardées.
Je ne souhaitais pas abandonner ce que j'avais laissé derrière moi. Je ne cherchais même pas à savoir ce qui s'était passé : y avait-il eu un feu volontaire, ou était-ce père qui, s'étant endormi dans son fauteuil, près de la cheminée, avait fait rouler son verre d'alcool jusqu'aux flammes ? A moins que son cigare n'eut trouvé la route jusqu'à ses bouteilles. Qu'importait ? Je n'étais plus de chair et d'os ; mon sang avait bouilli sous ma chair.
Et pourtant je me tenais droit, devant les vestiges de ma vie. Il ne tenait qu'à moi d'en faire l'avenir.

Personne ne peut abandonner le monde des affaires - c'est cet univers commercial qui vous happe, vous mâche, vous recrache. Je me drape d'illusions, palpable, présent, sous la douceur diurne, alors que mon être se fait volutes fantomatiques dès que la lune apparaît. Pour rien au monde je ne désirerais accéder à ce monde, cet ailleurs qu'on promet aux âmes. Ancré dans cet univers, à jamais trentenaire, à jamais âme en peine, je vis cette non vie. Le goût de cendres de ce que j'avale me rappelle sans cesse, promesse macabre, que jamais le souffle ne remplira plus mes poumons. Je ne suis qu'un revenant. Mais je me surprend à me voir plus riche que je ne l'étais : sans la présence puissante de mon géniteur, je me sens plus libre que jamais, et je compte laisser à ma famille notre fortune refaite.
J'ai la chance de pouvoir compter sur mes amis, sur mes proches. Seul l'un d'eux a eu l'intelligence de découvrir mon secret : Heartcliff. Il partage le poids de mes révélations. C'est un allié de poids, un collaborateur cher à mon coeur qui ne bat plus. Et pourtant, quelle n'est pas ma surprise quand je pense à sa voix, à son timbre et à ses notes. C'est ce qu'on appelle le charme et le charisme. Sa présence éclipsait toutes les autres. J'adorais l'Opéra, à présent je voue à ce lieu une adoration et une obsession divines. Car grâce à l'Opéra, j'ai pu avoir la chance de poser mes yeux sur Jane Spencer. Je me fais ombre de ses pas, gardien de ses nuits, dépositaire d'offrandes à une muse qui ne comprendrait sûrement pas. Mais Stephen Heartcliff est toujours un bon conseiller sur les cadeaux que je dois lui envoyer. C'est une espèce de cour, d'apprivoisement. Peut-on dompter un spectre ? Les chimères peuvent-elles être séduites ?
J'aimerai qu'elle chante pour moi seul.